dimanche 2 mars 2008

ELECTIONS MUNICIPALES J- 7

"La banderole ondulait mollement au vent de mars. Tendue entre les deux réverbères encadrant les escaliers de pierre et la grande porte d'entrée de la mairie donnant sur l'imposante place d'Armes, elle affichait avec un superbe aplomb ce qui allait pourtant s'avérer le lendemain, jour d'élections municipales : «Changement de propriétaire». C'est le grand plumitif, François Gacougnole, qui avait dégotté cette merveille chez un commerçant de Poitiers où elle traînait dans un fond de cave depuis la dernière liquidation. Et en attendant la prochaine, le plumitif avait réussi à convaincre le fils du boutiquier de lui prêter le calicot. «T'inquiète pas, on te le ramène dimanche matin.» Comme à son habitude, le Royaume de Basoche, après ses agapes du vendredi, avait conclu la fête par son «Gag intellectuel et paillard» et que nous considérions comme une contribution essentielle au bonheur des Poitevins, notamment les veilles de week-ends. L'élection de l'échevin de la République ce 13 mars 1977 nous avait inspiré cette assertion de bon aloi et frappée au coin du bon sens puisque de toute façon l'ancien maire ne briguait pas de nouveau mandat. Au bar du Dauphin, sur la place d'Armes, les sujets du Royaume avaient tiré les tables dehors sous le soleil de printemps et savouraient, en même temps qu'un pastis, les effets du GIP sur les «républicains» poitevins (étant entendu que tout ce qui n'était pas sujet du Royaume de Basoche était qualifié, non sans un certain dédain, de «républicain»). Le roi avait coiffé sa couronne comme toujours dans les grandes occasions et la demi-douzaine de Basochards, dont le colonel des armées du roi et l'évêque, confesseur de Sa Majesté avaient endossé la cape noire bordée de rouge. Le Royaume réjoui sirotait son succès."
A lire si on veut :" Le roi et l'empereur " de Didier Piganeau Edition de la table ronde .

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